🎙 711 jours otage d’Al-Qaïda : ce que m’a appris le témoignage d’Olivier Dubois
Aug 04, 2025
En avril 2021, Olivier Dubois, journaliste indépendant, part au Mali pour interviewer un chef djihadiste.
Il a une lettre d’invitation, un fixeur de confiance, un plan de sécurité.
Mais tout bascule.
Olivier ne reviendra que 711 jours plus tard. Kidnappé par Al-Qaïda, détenu en pleine nature, enchaîné nuit et jour, coupé du monde.
Quand je l’ai reçu sur le podcast High Value, j’ai compris très vite qu’on n’allait pas parler que de survie.
On allait parler de lucidité, de sens, de choix mentaux extrêmes.
Voici ce que j’ai appris en l’écoutant.
1. La survie commence dans la tête
« Les trois premiers jours, j’étais paralysé. Ensuite j’ai compris : il fallait m’occuper. »
Dès les premiers jours, Olivier pose un cadre. Il refuse les thés sucrés qu’on lui sert cinq fois par jour. Il marche. Il fait du sport. Il s’accroche à une routine.
Mais surtout :
« Je me suis dit que j’étais encore en reportage. »
Même otage, il se positionne comme journaliste. Il pose des questions à ses geôliers. Il les écoute. Il observe.
Créer une utilité dans un contexte absurde : c’est la première forme de résistance.
2. Se construire une identité dans le chaos
À aucun moment Olivier ne se laisse définir par ce que les autres veulent faire de lui.
Ses ravisseurs pensent qu’il est un espion ? Il continue de leur dire : « Je suis journaliste ».
« Quand tu ne contrôles rien, il faut au moins contrôler qui tu es. »
Il installe son propre rôle dans une situation où il aurait pu disparaître.
Et c’est là que le basculement se joue : être acteur, pas uniquement victime.
3. On a tous des ressources qu’on ignore
Quand on l’écoute raconter ses 711 jours, on se dit : je n’y arriverais jamais.
Mais lui-même le dit :
« Ce n’est pas que je suis exceptionnel. C’est que j’ai été obligé. On est câblés pour survivre. Il faut juste que ce câblage se déclenche. »
Ce n’est pas du stoïcisme théorique.
C’est du terrain. Du sable. Du feu. De l’humiliation. De la faim. De la peur.
Et pourtant, il continue de marcher. De compter les jours. D’observer les étoiles.
Parce que le corps et l’esprit cherchent un sens, même quand tout s’effondre.
4. La confiance est une décision dangereuse
Ce qui l’a fait tomber, c’est une lettre d’invitation… falsifiée.
Un fixeur en qui il avait confiance. Une mission qui, sur le papier, était sécurisée.
« Il y a eu une trahison. Mais je ne sais pas tout. Je préfère continuer à vivre que rester dans le ressentiment. »
Ce qui est fort, ce n’est pas juste la prise de conscience.
C’est le refus de devenir amer. Le refus de nourrir la haine.
Et ça, c’est peut-être ce qu’il y a de plus difficile dans ce qu’il a vécu.
5. Ce n’est pas une histoire d’héroïsme
À aucun moment Olivier ne cherche à se présenter comme un héros.
Il parle de ses erreurs. De ses peurs.
Mais aussi de cette phrase incroyable :
« J’avais honte de ce que je faisais vivre à mes proches. »
Il ne se bat pas pour une gloire.
Il se bat pour retrouver ses enfants, se libérer par ses propres moyens, et ne pas laisser sa captivité définir sa valeur.